Mes petits choux, l’heure est grave. J’ai 37 ans, 8 mois et 12 jours. Si vous êtes forts en maths, et je n’ai aucun doutes la dessus, il ne me reste plus que 2 ans, 3 mois et 18 jours avant l’échéance fatidique des 40 ans. Et à 40 ans, il paraît que les planètes entrent en alignement, que l’univers t’envoie tout un tas de signes et que paf ! tu te mets à cogiter. Ce que le commun des mortels appelle pompeusement « la crise de la quarantaine ». Alors, parce que mon dévouement pour vous dépasse tout ce que vous pouvez imaginer, je me suis portée volontaire pour mener l’enquête. La crise de la quarantaine mythe ou réalité ? Teasing de folie…
Mais tout d’abord, c’est quoi t’est-ce la crise de la quarantaine (ou CMV pour les intimes) ? Notre ami Wikipédia en donne la définition suivante : « La crise de milieu de vie est un terme employé dans la société occidentale pour décrire la période de doute que ressentent certaines personnes à la « moitié de leur vie », ayant pour résultat une sensation de passer de la jeunesse à la vieillesse. Quelquefois, des événements vécus lors de ces années là, tels que le vieillissement, la mort des parents, le départ de la maison des enfants peut déclencher cette crise. La personne atteinte souhaite alors faire des changements radicaux dans sa vie de tous les jours ou dans sa situation professionnelle, son mariage ou ses relations amoureuses. »
Voilà. Voilà voilà voilà. C’est le genre de définition qui te donne donc envie de te pendre. D’abord par ce que je refuse catégoriquement de croire que j’en suis à la moitié de ma vie (c’est passé bien trop vite), et j’en veux pour preuve tout ce que je n’ai pas encore fait (apprendre le surf, gravir le Mont Blanc, perdre 10kg, conduire une Aston Martin – la mienne de préférence, boire une vodka-martini avec Daniel Craig, remporter le Pulitzer, que sais-je encore). Ensuite parce que 40 ans, pour voir le « départ des enfants de la maison », ça me paraît clairement prématuré (je rappelle que la moyenne d’âge des mes nains se situe autour des 5 ans et demi, donc on est encore loin du syndrome du nid vide quand même).
Tout cela est bel et bon, mais il n’en reste pas moins que mon mois de septembre a ressemblé à s’y méprendre à une micro-crise de la quarantaine. Après une période de quasi-euphorie où j’ai décidé, en vrac, de mettre en place une routine matinale à base de méditation et de yoga (manquent les coussins en lin et j’étais la réincarnation de Florence Foresti), de me remettre à courir (au moins trois fois par semaine par ce que tu comprends, il vaut mieux y aller 3 fois 30 minutes qu’une fois 1h30), et de lire des bouquins d’économie et d’histoire (parce que quand même, les romans c’est bien, mais ça ne fait pas tout niveau culture gé), la réalité (et mon talent pour la procrastination aussi, soyons honnête) m’ont rattrapée (les fourbes). Et du coup, toute cette belle motivation s’est vite transformée en doutes, frustrations, manque d’envies, de courage, d’énergie, impression de monotonie, de routine, une patience réduite à néant… Je sais, je vends du rêve.
J’en suis donc arrivée, sournoisement, à réfléchir (ce qui peut être particulièrement néfaste. Non, franchement, c’est pas toujours une bonne idée). Et du coup, aucun moyen de faire l’impasse. Mon bilan de milieu de vie a de quoi faire pâlir de jalousie Jacques Séguéla : une maison en travaux depuis dix ans (conséquences directes : une salle à manger transformée en chambre pour les nains, pas d’escaliers, un demi-carrelage dans la cuisine, aucuns rangements et ça, depuis dix ans. DIX. ANS.), une reconversion professionnelle qui traine, une moitié avec une santé en dents de scie (ça fait 10 ans qu’il a 40 ans, ça joue à mon avis), et tout ça sans Rolex à mon poignet. Ah je vous avais prévenu, tout le monde n’a pas ma chance !
Le fait est qu’arriver à 40 ans et avoir l’impression d’être restée bloquée à 30 (les rides et les enfants en plus), ça peut effectivement foutre le cafard. Normalement, à 40 ans, on a une quinzaine d’années de vie professionnelle derrière soi, on commence a atteindre un certain confort de vie (j’ai bien dit normalement), d’autres projets se mettent en place, la vie est sensée être plus douce (en tout cas, c’est ce que je pensais).
Le fait est que je me rends compte que ce qui me paraissait évident il y a 16 ans (quand j’avais 21 ans donc), les choix que j’ai fait naturellement, presque sans y penser (quand bien même j’avais conscience de leurs conséquences – mais en avons-nous quoi que ce soit à foutre des conséquences à 20 ans, franchement), sont parfois lourds à porter aujourd’hui. Je m’explique.
- Les 13 années d’écart entre Papa Génial et moi, qui me semblaient une paille à l’époque, me foutent parfois les jetons deux décennies plus tard (rapport à la mort, ma névrose de l’abandon, mon angoisse de l’accident, les 50 ans qui le séparent de num4, toussa toussa).
- Mes beaux-enfants, que j’aime d’amour naturellement, ont fait de moi une belle-mère à l’âge où mes copines se demandaient où elles passeraient leurs prochaines vacances en amoureux. Ce qui a eu pour conséquence évidente que jamais, jamais, nous n’avons passé de vacances en duo. Et qu’aujourd’hui, il va nous falloir attendre encore un moment avant que ça puisse nous arriver (4 mômes à caser une semaine, ça tient du miracle, vous savez bien).
- Je vous passe le couplet sur l’aspect financier de la chose sus-dite, il est possible que des yeux indiscrets trainent par ici et je ne souhaite également pas lancer de polémique à ce sujet, chaque situation étant bien évidemment unique.
- Je ne reviendrais pas non plus sur la maison, pour laquelle nous avons eu un coup de coeur mais qui n’était quand même rien d’autre qu’une ruine à l’époque. Ca, c’est notre côté « on agit d’abord et on réfléchit après », ça pourrait être l’allégorie de notre vie. Elle nous a bouffé les 10 dernières années, et c’est pas fini.
Toutes ces choses, tous ces choix, je ne les regrette évidemment pas un instant. Ils ont fait de notre vie ce qu’elle est aujourd’hui et en toute sincérité, notre vie, elle est pas trop pourrie. On a 4 merveilleux tyrans enfants en plein forme qui embellissent chacune de nos journées (j’en fait trop ? Ouai, peut être un peu), on vit dans un coin super avec une vue à tomber (et proche de petits vignerons indépendants qui produisent un pinard pas dégueu du tout, ça aide les jours de moins bien), on est (bon an mal an) encore en forme, on a un toit au dessus de la tête et (bientôt) de quoi se chauffer (une sombre histoire de pompe à chaleur en panne qu’il faut remplacer par une chaudière neuve – les petits coups en vache que te fait la vie parfois…), des amis en or (certains lisent mes posts, je préfère les brosser dans le sens du poil), et surtout, surtout, on a toujours eu la chance d’avoir eu de la chance. Les choses se sont toujours imbriquées de manière à nous maintenir la tête hors de l’eau et ça, ça n’a pas de prix. C’est même ce qui fait la différence entre le fait d’avoir un outil de communication pour vous raconter tout ça aujourd’hui avec une pile de devis validés pour la fin des travaux sur le bureau, et se retrouver en kibboutz à 6 chez les parents (voir même à la rue dans le pire des cas).
Et puis il y a quand même de bonnes choses avec l’arrivée de la quarantaine : on sait maintenant que l’on est capable de surmonter les coups durs et les épreuves ensemble (et croyez moi, niveau coups durs, on a été servis ces dernières années), mais que quand même, il serait adulte de devenir un peu plus fourmi et un peu moins cigale, à tout point de vue. On se connait aussi mieux soi même, on a une meilleure idée de comment on veut vivre l’autre moitié de sa vie, des sacrifices que l’on est prêt à faire ou non. La légende dit que l’on devient plus cool avec les enfants, et la vraie vie lui donne raison (enfin, la plupart du temps). Et n’oublions pas que pour nous les femmes, la quarantaine est le nouvel âge d’or (en tout cas, il paraît).
Il semblerait d’ailleurs que la crise de milieu de vie recule chez les femmes, et qu’elle n’arrive qu’à la cinquantaine aujourd’hui (dixit les scientifiques et l’intégralité de la presse féminine, qui se sont sérieusement penchés sur la question – autant vous dire que mes sources sont en béton). De quoi foutre mon article en l’air du coup. On en reparle dans 12 ans, 3 mois et 18 jours.
Et vous ? Crise de la quarantaine ou pas ?
Je ne sais pas si c’est la crise de la quarantaine mais ça fait presque vingt ans que je fais le même boulot et j’ai très très envie d’en changer. Par contre, j’ai zéro idée crédible pour une reconversion professionnelle.
Par contre, je me trouve beaucoup plus sereine qu’à 20 ou 30 ans. C’est peut-être ça le bon côté de prendre de l’âge. 😉
Je te rassure, niveau boulot, je suis toujours dans le flou (malgré la reconversion professionnelle). Aucun moyen de savoir si ce que je fais pourrait me plaire suffisamment longtemps pour en vivre. Inconstance quand tu nous tiens…
Sinon je te rejoins en ce qui concerne la sérénité (et ce, malgré les crises passagères) !
Pour l’instant pas, clairement, mais bon, se lancer dans un petit 3ème à 38 ans ne serait-ce pas une façon déguisée d’essayer de retarder l’échéance?! En tout cas je ne me pose pas trop de questions pour l’instant, mais c’est sûr que ce chiffre rond, symbolique, ne manquera pas de provoquer quelques remises en questions d’ici un an et demi pour moi…d’autant plus qu’il devrait coincider avec une réorientation professionnelle. De beaux moments de prise de tête en perspective!
Ah oui ! J’ai oublié de dire qu’effectivement, je suis persuadée qu’inconsciemment (ou pas), faire des enfants passé 35 ans (lorsqu’on en a déjà, qu’on a le bon conjoint depuis un moment, qu’aucune maladie ne nous en a empêché avant, etc.), c’est aussi un moyen de garder un pied dans le monde des parents de petits et donc, de rester jeune encore un peu…
Meme si je me rends bien compte qu’à la sortie de l’école, je suis nettement moins fraîche que les mères des copines de num3 😉
Professionnellement parlant ça a été une vraie crise de la trentaine pour moi…
Quant à la quarantaine… on en parle dans quelques années… dans euh… 8 ans… (oui je fais partie de ces personnes qui doivent compter pour connaitre leur âge !! Bouhh)
Rho la la, mais quelle jeunette tu fais 😊.
Et en même temps, un tsunami émotionnel par décennie, c’est largement suffisant !
Et bien quel article ! J’ai bien ri, et je me suis reconnue dans pas mal de points. J’ai eu le même coup de flippe à ton âge – genre, j’ai 20 ans de plus – (en vrai et si je calcule bien je dois avoir 5 mois et 4 jours de plus que toi) (quand même). Mais depuis que j’ai passé la barre des 38, je refuse catégoriquement de m’associer à tout ce qui s’apparente de près ou de loin à la quarantaine. Parce qu’après tout, 38 c’est pas 40. 39 non plus d’ailleurs. Donc on verra le moment venu. D’ici là, je m’accroche à ma trentaine, après tout je peux peut-être encore devenir danseuse étoile, écrire une symphonie ou remporter Miss France ; non, vraiment je ne me sens pas du tout trop vieille pour rien, encore…. :-p
Mais sinon oui, bien sûr que je la sens venir et je crois même qu’elle est là depuis un bail. Peut-être parce que j’ai connu la perte d’un parent il y a quelques années, je pense qu’effectivement ça pousse à remettre certaines choses en perspectives. Et est-ce vraiment une mauvaise chose que de se poser certaines questions ? 😉
Ah, je suis ravie d’avoir réussi à t’avoir fait rire avec un sujet aussi pourri que nos 40 ans à venir !
Et bien évidemment que tu peux encore écrire une symphonie ! (N’y en a-t-il pas une en cours de parution pour le mois de janvier ? 😊).
Je crois que tu as raison, j’ai perdu ma mère il y a 4 ans, et même si j’ai l’impression d’avoir digéré, je pense qu’inconsciemment ça n’est pas tant le cas que ça…
Et je suis bien d’accord, se poser certaines questions est plutôt une bonne chose quand on approche l’âge du bronze 😂
Alors là, la crise de la quarantaine, je l’ai tenue à distance un bon moment parce que j’étais une jeune mère (mon dernier est né quand j’ai eu 39 ans), et puis après, je me la suis prise en pleine face. Mais elle n’a eu que des conséquences positives : ouvrir mon blog, chroniquer pour les Fabuleuses, rencontrer de nouvelles personnes, faire du sport et avoir enfin des abdos et un cul digne de ce nom. Reprendre mon physique en main a été une des raisons pour lesquelles je me sens mieux maintenant qu’à 30 ans. Avoir reconstruit une famille, aussi. Reste le temps qui passe. On n’y peut rien. Et c’est le plus dur à encaisser.
Je pense que l’immense avantage de cette crise de milieu de vie est de permettre de faire des changements fondamentaux (et de rendre les choses optionnelles bien moins optionnelles – coucou pilates et autres joyeusetés 😊).
Avec dans les cas les plus réussis, une grande majorités de bonnes et belles choses.
Et puis bon, il nous reste quand même plein de super trucs à découvrir : la crise d’adolescence, les premiers chagrins d’amour, le départ de la maison et le retour pour les lessives… j’ai hâte, mais j’ai hâte ! 😂
J’ai adoré ton article!
J’ai eu ma crise de la quarantaine à 39 ans et je te rassure: on y survit! Ben oui, j’ai eu des remises en question, j’ai avalé les signes que je vieilissais de travers mais j’ai fini par me dire que ce n’est pas parce qu’on vieillit en âge qu’on est obligée d’être vieille! Là, j’aurai 50 ans dans quelques mois et, sais-tu? J’ai hâte!
Merci merci !!
Écoute, ça me rassure beaucoup ce que tu me dis 😊. Et je sais bien qu’il y a encore plein de belles choses à venir, et heureusement !!