Chroniques d’une famille nombreuse en confinement – JOUR 2


Famille nombreuse / mardi, mars 17th, 2020

Pour ceux qui aurait raté l’intro, elle est .

6h15

Num4 nous réveille en beuglant. Je vous rassure tout de suite, il n’est en aucun cas malade, il a juste faim. Mais pour l’amour du ciel, à quel âge un enfant fini par prendre conscience que ses parents ne l’ont jamais laissé mourrir de faim, en vrai ? Son père va lui faire son bib pendant que je rallume mon téléphone (chacun ses priorités hein). Et là, bim, sms du gouvernement rappelant les dernières mesures prises et le confinement total donc (enfin, je ne vous apprends rien, on a tous reçu le même non ?). Pas du tout anxiogène. Ma positive attitude s’en trouve douchée d’un coup dites donc.

8h08

Le petit déjeuner est pris, les filles se brossent les dents (ou font semblant). Moi, ouvrant une publication de France Inter montrant une carte interactive recensant les cas de coronavirus à travers le monde, et faisant cette réflexion tout simplement magnifique : « c’est marrant (le choix des mots, c’est primordial), il semblerait bien que le virus n’aime pas le froid, il n’y a quasiment aucun cas en Russie et au Canada (pour la faire courte hein, je n’ai pas recensé exactement TOUTES les zones ou il n’y avait pas d’infection avérée) ». Regard ahuri de Papa Génial (rétrospectivement, je le comprends). Moi : « ah ba non, je suis con, il est censé pas aimer le chaud… Ouai, donc en fait, les scientifiques, ils savent que dalle ». Fin de la discussion. Je sens qu’on va bien s’amuser aujourd’hui.

8h12

Num3 me colle aux basques dans la cuisine avec son cahier de progression pédagogique en exigeant qu’on se mette à travailler là-maintenant-tout-de-suite. Je lui demande si elle trouve que je fais les choses trop lentement (j’étais en train de ranger et d’essuyer la table du petit dej’, rapport au fait que dès la dernière bouchée avalée, les poussins se font la malle en utilisant les excuses les plus fourbes possibles). Réponse laconique de l’intéressée : « oui ». Ah. Bon. Mille excuses, promis, j’accélère le mouvement. 

8h30

Num2 ne supporte pas le bruit que num3 fait à côté d’elle, ça la « déconcentre » (dixit). Je lui réponds que sa soeur a quand même le droit de respirer (elle ne faisait littéralement rien d’autre que ça, juste pour vous indiquer le niveau d’exigence de ma deuz). Bref, après un coloriage, un exercice de dénombrement et du graphisme, je décrète que c’est fini pour la naine. De toute façon, si je l’écoutais, on finirait son cahier dans la journée. Et après qui serait bien emmerdée pour l’occuper ? C’est bibi. Alors non, non et non, j’envoie cette manante dans le jardin manu militari.

10h30

Une pause s’impose. Je tourne le dos 5 minutes et je retrouve les deux mêmes dans le salon, en train de jouer avec num4. Enfin, quand je dis jouer, on se comprend hein (cf. photo suivante). Cet enfant sera, au choix : 
1. diablement patient avec ses congénères. On en fera le prochain Dalai Lama.
2. diaboliquement fourbe. On en fera le prochain Dexter (mi-saint, mi-psychopathe).

Pour le moment, j’avoue que j’hésite. Mais je suis certaine que la vengeance est un plat qui se mange froid et que les frangines n’ont pas fini de s’en mordre les doigts.

Remarquez, 10 minutes plus tard, libéré de son bonnet de bain, il fait du catch avec num3 dans son parc (et à priori, il a le dessus). Le karma probablement.

10h44

Reprise du boulot pour num2 (vous sentez pas comme une espèce de redondance dans tout ça vous ?), et qui croise-je dans la cuisine, à son tour équipée comme Ian Thorpe au bord d’un bassin olympique ? Un tel niveau d’élégance et de glamour, réuni dans une seule et même petite personne, ça se passe de commentaire. (Et en même temps, il y a comme une sorte de thème dans notre journée du coup #passionbonnetdepiscine).

13h

Repas (redondance là aussi quand même. Je commence à comprendre les gens qui s’auto-prédisent +10kg sur la balance. A faire des repas de famille 3 fois par jour, c’est ce qui nous pend au nez à tous). Bon, ce midi c’était carottes râpées, brocolis et haricots verts. On va pas mourir de scorbut, c’est moi qui vous le dit. A un moment, num1 a voulu se servir un verre d’eau, et je sais pas ce qui s’est passé, mais ça a été l’inondation. Papa Génial a commencé à hurler comme de juste (« mais qu’est-ce que t’as dans les mains ?!! De la vaseline ?!! ». Je ne vous restitue pas l’intégralité du dialogue, c’est trop violent).

Moi j’ai hurlé de rire. Ouai, fou rire, tout pareil qu’hier. Alors que la responsable de la noyade du beurre pleurait tout ce qu’elle savait, que son père éructait, que les 3 autres enfants de la maison ouvraient des yeux ébahis, moi j’étais pliée en deux. J’avoue qu’en terme de contre coup émotionnel, j’avais pas franchement prévu ça. Mais bon, je prends hein, parce qu’en terme de désamorçage, ça fonctionne du tonnerre. 

14h

Sieste pour les deux petits, récré pour les deux grandes, couture pour moi. Oui, absolument, couture. J’avais amené avec moi la vieille machine à coudre de ma mère pendant notre semaine au ski, avec dans l’idée de faire une combi à num3. Tout en me disant « ouaiiii, surtout ne t’emballe pas, tu te connais, ça va t’amuser deux minutes et puis te ne réitèreras jamais l’expérience ». Et ben pas du tout dis donc. C’est même tout le contraire, ça m’a vachement plu.

Quel pied de FABRIQUER un truc. Utile et joli en plus (même si la notion de beauté est très relative évidemment. Vous avez le droit de trouver mes réalisations super moches même, je vous en voudrai pas, même si je m’en bat la rate d’un orteil folichon). Du coup j’ai enquillé avec une salopette et une combi pour moi, une combi pour num4, et j’en suis à une combi pour num3 (avec petits volants s’il vous plait). Bon, j’ai aussi racheté une machine de notre époque, silencieuse-avec-plein-d’options-qui-déchirent. Jeudi dernier. Aujourd’hui je me dis que j’ai vachement bien fait quand même.

19h

Saut dans le temps. Je vous passe l’après midi d’école pas franchement efficace et l’heure et demi passée à m’occuper de la fucking prise en charge du chômage partiel des salariés de l’assos, via un site internet surchargé et en rideau du coup. Bon, au final j’avais pas le numéro siret pour créer l’espace perso. Echec total. Report de l’action à demain.

Num3 débarque dans le salon et me dit de sa petite voix de 3 ans « maman, Léonard il joue dans les toilettes et j’ai fait pipi ». Dieu du ciel, je me précipite et je retrouve, comme de juste, un rouleau de PQ totalement dévidé (oui, il nous en reste encore bande de jaloux). Je fais la grosse voix et les yeux pas contents. Il me regarde, tend le bras (tout en soutenant mon regard), referme sa petite mimine toute mignonnette sur le pack de rouleaux et l’envoie valdinguer à deux mètres. Je suis l’incarnation de l’autorité suprême comme vous pouvez le constater. Poutine dans toute sa splendeur.

Là, présentement, il se roule par terre dans une tentative désespérée de me faire comprendre que je suis la mère la plus craignos du monde de ne pas le laisser jouer dans les chiottes comme bon lui semble. A moi, il me semble que c’est l’heure de l’apéro. Un biberon et au lit (pour lui, moi je me sers un punch).

Je vous dis à demain les biquets. Bisous. Merci. Bisous.

4 réponses à « Chroniques d’une famille nombreuse en confinement – JOUR 2 »

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