La quadrature du cercle


Famille nombreuse / lundi, février 4th, 2019

Ouiii, je sais, des centaines d’articles ont déjà été écrits sur la difficulté d’être maman et entrepreneuse, sur la charge mentale, et sur la quasi impossibilité de résoudre le concept Pavlovien de la quadrature du cercle. Nan je déconne, Pavlov n’a évidemment rien à voir avec l’épineuse question de la quadrature de cercle, au sujet de laquelle je vous renvoie vers ce fabuleux article Wikipédia pour celles et ceux qui souhaiterait y voir plus clair (ça peut arriver, je ne juge personne). Pour en revenir à nos moutons, c’est effectivement sur la question du COMMENT que je me penche aujourd’hui. Comment (si cela est possible) réussir à tout mener de front ? Je ne vous cache pas que mon enquête s’est révélée délicate, j’ai du faire face à une meute de petites personnes déchainées, menée par un gourou sans scrupules (pardon Papa Génial, j’ai dû trouver une image qui marque tu vois), j’ai même craint pour mon intégrité physique (c’est vous dire). Enquête au coeur d’un système bien établi : dans l’enfer d’une famille nombreuse.

Mon enquête débute un samedi matin, à l’aube, alors même que tout semble parfaitement calme dans cette maison nichée au coeur de la campagne Beaujolaise.

Bon, quand je dis à l’aube, c’est un peu pas trop vrai, parce qu’en fait, ma journée elle commence plutôt vers 3-4h du mat’ avec la première (dernière ?) tétée de num4. Mais bref, passons.

Le soleil se lève à peine que déjà, des premières altercations éclatent (pour des raisons de censure évidentes, je ne vous rapporterai pas les propos échangés ici, mais sachez qu’ils sont assez violents, sur fonds de rappel à la loi sur la propriété privée majoritairement).

En vrai, les deux grandes se cherchent des poux dans la tête au saut du lit parce que l’une a pris le lego rouge dont l’autre avait justement besoin, et la troisième essaie, à grands cris, de leur rappeler que quand même, elle est là et qu’elle aussi voudrait bien participer au débat.

Cette ambiance pesante et électrique va perdurer jusqu’au petit déjeuner, où l’on sent qu’il se joue une véritable lutte de pouvoir pour savoir qui pourra faire chauffer le lait dans la casserole, qui pourra faire couler le café du gourou et surtout, qui aura le plus de chocolat dans son bol. Autant de sujets sensibles qui peuvent faire dégénérer la situation extrêmement rapidement (les forces de l’ordre, exténuées, sont d’ailleurs sur le pied de guerre pour essayer de maintenir un équilibre précaire afin d’éviter de terribles affrontements).

Je ne vais pas vous mentir, à ce stade, j’ai déjà hurlé une fois ou deux, tout en donnant le second repas de num4 et en réfrénant un début d’hyper-ventilation en pensant à tout ce qu’il y a faire dans le weekend.

Heureusement, une trêve (de courte durée) est décrétée entre les parties en présence, le temps d’une séance de natation pour laquelle le gourou se charge de l’intendance et de la logistique.

Ça me laisse environ 2h30 pour tenter d’avancer dans l’une de mes tâches pro, à choisir parmi : avancer sur le concours du Certificat Voltaire (que je voulais initialement passer en janvier, mais que j’ai finalement repoussé aux calendes grecques), terminer ma formation à distance commencée il y a deux ans, me pencher sur cette formation Pinterest qui m’intéresse vachement (plus d’infos à venir prochainement… enfin si Dieu le veut), écrire (pour le blog ou autre, mais écrire), ou trouver des clients. Au choix donc.

Retour à la maison, les tensions semblent retombées, mais pour combien de temps, difficile à dire. La moindre étincelle peut naturellement faire repartir les émeutes, on sent que chacun tente désespérément de maintenir un certain statu quo (sous la menace, je ne vous le cache pas).

Moi, pendant ce temps là, exit le boulot (faut savoir être rapide et efficace), on passe au repas. De préférence soit un truc cuisiné au préalable (ce qui implique avoir pris du temps au préalable) soit un truc rapide à faire.

Un calme tout relatif règne enfin, lorsque soudain, c’est le drame : une personne, inconsciente du danger, demande aux petites personnes de faire leurs devoirs. Explosion kamikaze, désertion, feinte d’arrêt cardiaque, tout est bon pour essayer d’esquiver ce qui peut s’apparenter à de l’emprisonnement sans possibilité de remise de peine (les petites personnes ont le sens de la mesure).

Généralement, ça prend trois bonnes heures pour les deux filles, durée extrêmement variable en fonction de leur motivation évidemment, et de leur bonne volonté surtout. Trois heures donc, pendant lesquelles je tente de ne pas jeter un oeil à mon pc dans l’espoir de pouvoir avancer sur l’un des points sus-nommés (la petite personne est fourbe, si elle aperçoit une faille de concentration en toi, elle se jette dedans et en profite pour faire n’importe quoi sauf apprendre ses leçons). Trois heures pendant lesquelles j’essaie également de lancer une machine, de faire, par anticipation, les repas à venir (rapport au gain de temps ultérieur mais qui implique que les devoirs soient faits dans la cuisine), de re-re-faire manger num4, tout ceci dans l’hypothèse ou num3 fait la sieste, naturellement.

Le soleil se couche déjà lorsque les travaux d’intérêts généraux se finissent, et cela marque le moment critique de la douche. Qui va se doucher en premier ? Qui se douche avec qui ? Qui a fini l’eau chaude la dernière fois ? Autant de questions cruciales auxquelles il faut évidemment répondre avant d’entreprendre la moindre action. C’est au prix d’interminables débats que les petites personnes finissent par ressortir propres et habillées de la salle de bain, devenue le théâtre d’une guerre sans merci pour la brosse à cheveux.

Clairement, à ce stade, je ne m’intéresse plus à grand chose, la vie à perdue son sens, je donne une quatrième (cinquième ?) tétée à num4, j’ai envie de décéder, la seule chose qui me retient à la vie est l’idée du punch à l’apéro (si j’arrive jusque là).

La journée se termine enfin, un fragile cessez-le-feu est accepté par les parties en présence, le dîner est expédié autant que possible par peur d’une reprise des combats. Reste le délicat moment du coucher, ces quelques minutes où les casques bleus craignent pour leur vie, où les négociations peuvent échouer à tout instant, où la sirène anti-aérienne peut retentir au pire moment, bref, ces instants fragiles, où chacun marche sur un fil de peur de voir tous ces efforts anéantis en une fraction de seconde. Mon équipe et moi regagnons enfin la zone libre, heureux d’avoir échappé au pire.

En vrai, c’est pas tout à fait fini, puisqu’il faut encore donner son dernier repas à num4 (qu’est-ce qu’il bouffe ce gamin) et le coucher. Avant d’enfin, (enfin !), apercevoir ce moment où je suis libérée de toutes ces contingences bassement matérielles. 

Evidemment, ce récit reflète une journée de weekend, où Papa Génial est quand même là pour aider. En semaine, il faut rajouter les courses, les activités extra-scolaires, les rdv médecin, etc. à des journées où le temps dédié au pro doit tenir entre 8h45 et 16h15, et où souvent, je me retrouve à 16h40 à trainer devant l’école avec une copine n’ayant de toute évidence pas plus envie que moi de rentrer chez elle pour se lancer dans cette course effrénée de fin de journée. La flemme, l’absence totale d’énergie, ce je ne sais quoi qui rend ces 2h30 limite inenvisageables (la peur peut être ?). Agnès, du blog Quatre Enfants (que je vous conseille chaudement), a très bien décrit cette routine du soir dans son Ni queue ni tête de janvier.  

Je n’ai évidemment pas la réponse (et non, je n’ai pas réussi à résoudre le problème de la quadrature du cercle, vous m’en voyez navrée), et le planning initialement prévu est souvent mis à mal. Mais si certain(e)s d’entre vous ont un début de solution, je suis preneuse, évidemment. 

Sur ce, je vous dis à bientôt pour de nouvelles révélations choc.

10 réponses à « La quadrature du cercle »

  1. Je me suis retrouvée dans beaucoup de ces tranches de vie. Vendredi soir, j’ai regardé mon mari à la fin du dîner, et je lui ai dit: « Je tiendrai jamais jusqu’au coucher ». Les journées sont atrocement longues, quand on a des enfants!

    1. Ah si si, rassurant (on se raccroche à ce qu’on peut non ?) 🙂
      Et puis j’essaie de me rappeler le plus souvent possible qu’un jour ils seront tous partis et que je trouverai la maison un peu trop beaucoup calme 😂

    1. Je te remercie, tes encouragements me vont droit au cœur 🙂
      C’est vrai qu’on a tendance à prendre en pitié les mères de garçons, mais crois moi, les filles sont fourbes, ce qui les rend au moins aussi difficiles que les mecs !

  2. Il faut qu’on se rencontre ! C’est gerable (je n’ai certes que 4 enfants 1 entreprise, 2 ou 3 réseaux pros pour lesquels je suis en responsabilité sans compter les parents d’élèves et autres conseils d’administration du centre aéré) donc garde espoir ! La première chose à faire est de planifier (y compris le perso) pour ne pas subir un rythme pro ou perso. Et ensuite on définit sa priorité du moment sans culpabilité pour le reste. On en parle bientôt si tu le souhaites

  3. Mais ouiiii, avec plaisir !
    Je ne perds pas espoir, ne t’en fais pas, la planification c’est mon truc j’adore ça. Le seul problème pour le moment (si on peut parler de problème), c’est que num4 est encore allaité, sans mode de garde avant le mois de septembre. Donc les plans sont encore souvent mis à mal, que je le veuille ou non 🙂 Mais tout ceci n’aura qu’un temps, et ça sera quand même plus simple une fois que tout mon petit monde sera à l’école ou à la crèche en journée !

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